Dans la grande majorité de la galaxie, les méga corporations de transport interstellaires monopolisent avec leurs lignes régulières de gigantesques cargos l'acheminement des biens et des personnes. Il y a cependant des quantités incroyables de pilotes indépendants qui ravitaillent les mondes les plus isolés ou assurent des conditions de transport convenant à des clients ou des cargaisons spécifiques, voire qui sont les seuls à offrir des marchandises exotiques venant de coins perdus où les grandes compagnies ne s'aventurent jamais pour des raisons de rentabilité. En fait, sans cette multitude d'indépendants et de petites compagnies limitées à deux ou trois navires de petite taille, la civilisation galactique ne serait jamais parvenue à s'étendre au cours des millénaires.
Les activités des indépendants les amènent souvent à se tourner vers la contrebande dont il existe plusieurs formes. Aux yeux de la plupart des gens, un contrebandier transporte par nature des substances illégales mais cela n'est pas forcément vrai. Il existe en effet trois raisons essentielles de faire appel à un contrebandier pour transporter discrètement une cargaison :
- pour des raisons légales : généralement, cela concerne la technologie militaire, certaines substances toxiques, les esclaves et diverses denrées ou substances précieuses et d'accès restreint. Les restrictions légales peuvent concerner l'ensemble du territoire de l'Empire (ou de tout autre gouvernement) qui s'en réserve le monopole ou interdit purement et simplement le commerce et la détention des marchandises en question. Il peut aussi s'agir de marchandises réservées à certains groupes (agences de police, corporations accréditées) ou certains marchés légaux mais surveillés (marché des esclaves et marché de l'épice par exemple). De même, une marchandise peut être parfaitement légale à certains endroits mais bannie par les autorités locales ailleurs (exemple : certains sels marins que l'on trouve dans de nombreux océans de la galaxie ont des propriétés hallucinogènes et toxiques sur le peuple des Arcona et leur commerce est donc interdit dans leur espace).
- pour des raisons économiques : le transport ou le commerce de ces marchandises est légal mais fait l'objet de taxes suffisamment lourdes pour que ceux qui font appel aux contrebandiers considèrent que les pertes et risques du circuit du marché noir valent le coup. Ou encore, l'offre et la demande sont telles que le prix public est monstrueusement élevé par rapport à la nécessité qu'en ont les acheteurs.
- pour des raisons politiques : une des tactiques "douces" de l'Empire pour faire plier un monde dont il voulait récupérer les infrastructures consistait à établir un blocus total de son espace et à paralyser ainsi son commerce. Bien que de nombreuses planètes puissent survivre sur le plan alimentaire à un tel blocus, leur survie économique est loin d'être aussi vraisemblable et pour peu qu'elles soient obligés d'importer massivement certains aliments, équipements essentiels (systèmes environnementaux par exemple) ou médicaments indispensables, leurs dirigeants se retrouvèrent vite devant un choix très simple : céder totalement à l'Empire ou tenter de négocier une reddition en jouant la montre et en passant par des contrebandiers particulièrement audacieux.
La plupart des contrebandiers disposent de moteurs puissants, de navires maniables, d'un peu de crédits de côté pour quelques pots-de-vin et de beaucoup d'audace. Des senseurs longue portée et des systèmes passifs ou actifs permettant de tromper les scanners aident sensiblement les contrebandiers mais la fouille intégrale d'un navire est une expérience que beaucoup d'entres eux ont malheureusement faite et la majorité ont du dépenser jusqu'à leur dernier crédit en pots-de-vin pour ne pas terminer leur vie derrière les barreaux.
Quel que soit l'uniforme qu'ils portent, les rangs des douaniers comptent toujours des officiers qui font du rentre-dedans mais sont en fait prêts à fermer les yeux sur des infractions mineures ou même plus sérieuses si l'on a les bonnes références.
La vie d'un contrebandier n'est pas non plus exempte de risques en dehors des autorités puisque même lorsqu'il transporte une cargaison légale, il n'est pas à l'abri des hasards des voyages spatiaux ainsi que des pirates.
De plus, les vaisseaux spatiaux ne sont pas donnés et les modifier afin de battre de vitesse les navires de patrouille est très onéreux. De même, les contrebandiers changent souvent la signature du transpondeur de leur navire afin d'échapper aux recherches et cette opération est loin d'être anodine. Enfin, un certain nombre de clients recourent parfois au meurtre afin de récupérer leur cargaison et acquérir en même temps un vaisseau en état de marche, le tout gratuitement.
A l'origine, la plupart des contrebandiers n'ont pas commencé leur carrière dans cette perspective mais dans celle de petits transporteurs en règle avec la loi. Cependant, les frais engendrés par les permis, taxes de stationnement, acquisition et entretien (voire optimisation) d'un navire et les salaires de l'équipage ont amené la plupart de ces pilotes à emprunter des sommes d'argent conséquentes à des gens moins regardants que les banques : les usuriers. D'autres se sont vus "offrir" leur navire par des petites sociétés respectables dissimulant des activités plus marginales.
Dans un cas comme dans l'autre, le capitaine indépendant doit un certain nombre de faveurs et/ou d'argent à des individus pas très recommandables et pour les rembourser (ou leur rendre leurs bienfaits), le transport de marchandises de contrebande s'avère presque toujours obligatoire. Ceux qui parviennent à survivre assez longtemps obtiennent généralement des bénéfices plus élevés que prévu à l'origine et la plupart finissent par se tourner de leur plein gré vers la contrebande, y compris celle impliquant les cargaisons les plus douteuses sur un plan moral (esclaves, armes bactériologiques).
Les contrebandiers moins doués ou moins chanceux terminent généralement au fond d'une prison, atomisés par un navire impérial ou encore pourchassés jusqu'à la mort par leurs clients parce qu'ils ont perdu trop de cargaisons ou ne sont pas parvenus à rembourser leurs dettes assez vite.
Il existe un grand nombre de petites confréries et associations informelles de contrebandiers mais la plupart d'entres eux sont des individualistes par nature (dans le cas contraire, ils préfèrent entrer directement au service d'un seigneur du crime et renoncer à une liberté trop souvent théorique en échange d'un emploi dangereux mais stable et ou ils bénéficient d'une certaine "protection" vis à vis des autorités et de certains pirates). La plupart du temps, les contrebandiers ne contrôlent pas vraiment les grands trafics de la galaxie. En effet, ils ne sont dans le fond que les exécutants ou les sous-traitants d'organisations bien plus puissantes et étendues qui préfèrent faire appel à des pilotes indépendants pour assurer l'essentiel de leurs transports ce qui leur offre le double avantage de maintenir une façade de respectabilité tout en n'ayant pas à amortir les frais d'un navire et de son équipage employé à temps plein alors que cela n'est pas toujours nécessaire... Les grands syndicats du crime sont particulièrement vigilants et guettent tout signe indiquant que leurs contrebandiers seraient en train de s'unir dans leur dos, ce qui poserait à la fois des problèmes d'ordre disciplinaire et surtout d'ordre financier (les groupes de pression obtiennent de meilleurs tarifs que les individus isolés). Des organisations comme le Bha'lir Noir sont exceptionnelles par leur taille, leur influence et leur longévité et ne constituent en rien la norme des associations de contrebandiers.
Contrebandier est donc une profession particulièrement appropriée pour les individualistes qui veulent faire leurs preuves parce que c'est exactement ce que l'on attend d'eux : qu'ils parviennent à faire ce qu'ils affirment et peut-être qu'à la longue s'ils sont assez malins, exigeants, diplomates et surtout rentables, ils parviendront à fixer le prix de leurs services à un niveau satisfaisant... dans le cas contraire, ils sont partis au mieux pour lécher les bottes de leurs commanditaires et au pire pour être descendus dans une ruelle sombre ou atomisés en particules avec leur navire.
Tout comme les pirates et les mercenaires, les contrebandiers font grand usage des ports-francs et il leur arrive aussi de faire partie intégrante de l'économie de telles installations (ce sont eux après tout qui transportent les pièces et aliments nécessaires à la survie d'une communauté illégale).
Source : holonet
Dim 10 Oct - 10:55